L'objet du mois d'avril 2015
>> Statuettes
Mina, Togo
Premier quart du XXee s.
Bois dense, patine sacrificielle
63 x 16 x 24 cm
81 x 14 x 17 cm
89 x 14 x 25 cm
98 x 16 x 25 cm
302.932.001
302.931.002
302.931.003
302.931.001
>> Caractéristiques
Ces quatre statuettes anthropomorphes se caractérisent par leurs faces ovales, la sobriété de leurs traits et de leur expression impassible. Deux d’entre elles sont peintes avec des nuances vertes et ocre, alors que les deux autres ont perdu leur pigmentation ou ont été repeintes.
En dépit de leur taille différente, chaque statuette est réalisée selon le même modèle général : un personnage debout et statique, dont les formes du corps sont schématisées. Seule la statuette de gauche repose sur des pieds, les autres étant disposées sur des socles. Chacun de ces personnages a ses propres spécificités, la statuette de gauche porte un enfant dans son dos, à côté d’elle la statuette appelée « Janus » possède deux visages opposés. La troisième statuette tient un objet dans ses bras (peut-être une double cloche awaga, ou un bâton), tout comme la statuette de droite (une double cloche awaga).
La deuxième statuette est la seule à ne pas avoir d’attributs physiques féminins, sur les trois autres le sexe et les seins sont mis en évidence.
>> Symbolique
La provenance exacte de ces statues est inconnue, cependant nous pouvons affirmer qu’il existe entre elles une parenté spatio-temporelle, reconnaissable entre autres par les similarités visibles dans leur apparence. Toutes se rattachent au groupe Mina, présent au Togo et au Bénin.
Un temps présentées comme des statues fétiches contre les voleurs, on pense aujourd’hui qu’elles sont plus précisément des statuettes d’ancêtres chargées elles aussi d’une mission de protection. Dans un même esprit, on peut aussi les rapprocher des botchio , présents au Bénin et au Togo. Les botchio étaient placés à l’entrée du village ou des habitations en sentinelle afin d’écarter le mauvais sort ou de le détourner des individus en le prenant sur eux.
>> Usage
Bien que l’on ne connaisse pas leur(s) usage(s) avec certitude, on peut faire l’hypothèse que ces statues étaient des autels villageois rattachés à un vodu protecteur, protection botchio collaborant avec une divinité vodu.
Certains ont par ailleurs exprimé l’idée qu’elles étaient des reproductions faites à la suite d’une commande du Père Francis Aupiais qui les a rapportées en France, en raison du type de bois utilisé : un bois léger alors que les botchio nécessitent une construction en bois dur du fait de leur exposition en extérieur (et donc soumis aux variations de temps et aux insectes). Cependant, elles peuvent être des copies de botchio préexistants ; de plus les traces de libations sur l’une d’entre elles montrent qu’elles ont été utilisées avant leur acheminement au Jean-Marc Desjardins.