Le Musée Africain vous invite à la découverte de nouveaux horizons



     

 
 
 
 
 
 
 














 
 
 
 
 

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L’INCULTURATION, UN MEME LANGAGE POUR UN MESSAGE RENOUVELE.

Unique au monde, elle fait partie d’un ensemble dont le projet est d’exprimer la vie quotidienne des fidèles du Vodun, vie matérielle et vie cultuelle des initiés dans la cour du temple.
- Chacun des personnages porte une ou plusieurs amulettes, rappel permanent de l’attention à vivre pour aller au-delà de soi, pour se réaliser vers une dimension qui nous dépasse ; par exemple, chez les femmes, la ceinture de perles exprime la valeur indéniable qu’est la fécondité. (Non ce n’est pas un fétiche, ni un gris-gris, ni un porte-bonheur, nonobstant les récupérations et les manipulations toujours possibles.)
- Plusieurs de ces personnages sont recouverts, en tout ou en partie, de kaolin à la couleur blanche. Loin d’être en lien avec le teint de la peau des occidentaux !!! ni davantage avec le culte des morts toujours pensé à la manière des européens !!! cet apport est cultuel et signifie la rencontre avec la vie de l’au-delà grâce à la démarche de purification dont il est le témoin visible. Ce blanc du kaolin affirme la réussite du passage de « conversion » qui vient d’être réalisé ; il est par exemple celui des sorties d’initiations; ainsi on le retrouve souvent sur des masques.
- Ce serviteur d’Hebioso est lui-même recouvert totalement d’un grand voile blanc. La délimitation du sacré est ainsi exprimée ; ce serviteur est vraiment ministre du culte, il est officiant et sa démarche est celle du consacré. Ce voile invite donc au respect : chacun de ceux qui le croisent marquent leur déférence pour ce qu’il entreprend.
- La calebasse d’eau lustrale portée sur la tête, mais sous le voile, exprime à elle seule le ministère dont est chargé cet homme : il accomplit une quête spirituelle, celle de la demande de protection. L’aspersion de l’eau lustrale doit protéger et les gens et les lieux, des maléfices des puissances adverses invisibles.
Nous sommes au cœur même de la religion Vodun, comme de toutes les quêtes spirituelles traditionnelles, en présence de la « la quête de protection ».

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Marie, la Vierge du Fiat

L’artiste qui œuvre à la commande de Père Francis Aupiais permet de redire clairement que jusqu’à une époque très récente, jamais aucun nom personnel n’est attaché aux œuvres africaines. Un individu, compétent et initié, réalise ce que la communauté humaine exprime ; ainsi l’on doit dire que cette statue de bois polychrome est l’œuvre de « l’école de Kétou », fin du XIX° ou début du XX° siècle.
Venons-en à la description :
- Pendant au cou du personnage, à la manière d’une amulette, ou d’un bijou, une croix de chapelet ! Loin d’être un anachronisme, il s’agit bel et bien de dire le sens du regard que le personnage porte vers l’au-delà. Cette sculpture affirme ainsi, que le personnage représenté est un fidèle de Jésus, puisque depuis le 4° siècle de notre ère, la croix du Christ est le symbole de la foi chrétienne.

- Le visage, les mains et les pieds de cette personne sont totalement recouverts de kaolin. Ils sont blancs de la blancheur des être purifiés et vivant en relation permanente avec l’au-delà. Tout en vivant au milieu des siens, le « passage » est réellement réalisé.
- Quand au voile, il recouvre entièrement la statuette et délimite toujours l’aire du sacré. Toute sa vie est imprégnée de la permanence de son activité en lien avec l’au-delà, l’au-delà de Jésus-Christ qui l’identifie.
- Mais ici pas de calebasse ! Les mains ne sont pas pour autant vides. C’est une habitude très africaine de dire sa totale disponibilité en mettant ainsi ses mains à hauteur de la ceinture et de les présenter paumes ouvertes : c’est ce que désire exprimer ce personnage.
Nous sommes au cœur même de la religion Chrétienne ! Lorsque l’ange Gabriel envoyé de Dieu s’adresse à la petite jeune fille appelée Marie, après un instant d’étonnement elle ose affirmer son entière disponibilité : « Je suis la petite servante du Seigneur, que tout se réalise selon ce que tu viens de dire ».

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Un même langage artistique pour deux messages qui se succèdent dans le temps. Le second est bien une réalité nouvelle : ce peuple de Kétou qui était en quête de protection devient actif, participant lui-même au projet du Dieu de Jésus-Christ. « Qu’il me soit fait selon ta Parole ».

Du ministre d’Hébioso à la Vierge du Fiat. Michel Bonemaison
Lyon le 2006-07-21

Texte pour " L'Appel de l'Afrique N° 226" de julliet 2006
(150 cours Gambetta, 69003 Lyon, FR)

 

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UNE VISITE AU MUSEE AFRICAIN

Description de l'objet :
- Socle h 45 l.39 L22.
- Plateau h31 l.45 L21.
- Personnage h47 épaisseur 8.
- Poids 8 kg. Hauteur totale 80

TRONE DE JUSTICE

Ce siège fon, de l’ancien royaume du Dahomey, a été présenté par P. Francis Aupiais à l’exposition d’Orléans en 1927. Il est monoxyle, c’est-à-dire réalisé dans un seul morceau de bois. Chacun y discerne un socle rectangulaire et quatre personnages (2 couples) surmontés d’un plateau incurvé. Il est aisé de se représenter le cinquième personnage qui préside à la destinée de son peuple : le roi. Il est caractéristique des trônes d’Abomey (République du Bénin).

    En ce symbole tout le peuple est présent, hommes et femmes avec leur capacité à entretenir la vie du groupe social qu’ils engendrent. Maintenir l’harmonie que lèguent les ancêtres, gérer les tensions du quotidien, réguler les initiatives et les nouveautés inhérentes au mouvement… tout cela est vécu au mieux quand le chef convoque la Palabre.

    Toute assemblée a ses lois, la Palabre a les siennes ; elles sont simples. Chacun à son tour est invité à s’exprimer ; tous ont le devoir d’écouter jusqu’au bout, sans interrompre ; nul n’est laissé pour compte. Il n’est pas nécessaire qu’un jugement soit porté ; une fois la parole dite, le chef, le roi, veille à ce que l’entente devienne effective.

    Après avoir siégé, tous peuvent repartir en paix, un pas est franchi.

Michel Bonemaison
Directeur du Musée Africain


Texte pour " L'Appel de l'Afrique N° 225" de juin 2006
(150 cours Gambetta, 69003 Lyon, FR).

Thème : Justice et Paix


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UNE VISITE AU MUSEE AFRICAIN

Description de l'objet :
- Statue abron-kolango, Nord-Est de Côte d'Ivoire.
- hauteur 29,7cm, - largeur 9,2 cm, - poids 615 grammes.
- sculpture en bois massif, polychrome (jaune, rose, rouge).
- bijoux en laiton, perle et corde.


TRANSMETTRE LA VIE

Paumes ouvertes, les mains prolongent le mouvement qu'inaugurent les bras depuis le buste jusqu'aux genoux, évoquant la merveille du sein maternel. La fécondité confiée à la femme est en œuvre dans le sein de ce personnage. En conjuguant cette dynamique des mains avec la symbolique habituelle des seins qui allaitent, ici mise en évidence par le soutien-gorge rose, le message apparaît admirablement au regard : "la vie est là".

Et son visage d'inviter à la suivre ! Elle accompagne celui qui, comme par magie, veut bien se laisser guider en pensée, un œil vers le sein maternel et l'autre tourné vers la source de la vie.

    Une sculpture de ce type est un chef-d'œuvre dans sa forme ainsi que par la capacité à délivrer un élément de Sagesse, celui du thème de la fécondité. Transmettre la vie est un gage de fidélité aux ancêtres et à l'Altérité divine.

    Chaque peuple proclame à sa manière des valeurs qui ont cette dimension de l'universel. Ce chef-d'œuvre Akan ne peut-il pas évoquer "les vierges en majesté" de l'Occident chrétien ? Par des représentations de même qualité un message ne peut-il pas en relayer un autre ? Comment ne pas imaginer un dialogue qui partant de la participation de la femme au don de la vie pourrait permettre de se mettre à l'écoute de celui que Dieu donne par Marie ?

Michel Bonemaison sma
Directeur du Musée Africain

Texte pour " L'Appel de l'Afrique N° 224" de mars 2006
(150 cours Gambetta, 69003 Lyon, FR).

Thème: la première évangélisation.




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