Le Musée Africain vous invite à la
découverte de nouveaux horizons



     

 
 
 
 
 
 
 
 


 
 
 
 
 



UNE PRESENTATION DE L’AFRIQUE OCCIDENTALE


L’Université de Granada a inauguré cette semaine le premier cours monographique sur les cultures de l’Afrique Occidentale centrée plus spécialement sur le Bénin, un de ces pays peu connus du continent africain qui garde effectivement beaucoup d’inconnues pour le grand public. Au delà du cycle des conférences qui ont permis d’étudier le Bénin à partir de différents points de vue, - géographie, anthropologie, histoire, … - les cours sont accompagnés d’une exposition ethnographique qui en cette fin de semaine peut être admirée à l’Eglise du Perpétuel Secours.


Masques, objets rituels ou monnaies sont un ensemble de 50 pièces qui composent cette exposition, amenée directement du Musée Africain de Lyon. Le directeur de ce centre, Michel Bonemaison, est un des principaux invités. En fait, les intervenants de ce séminaire sont d’éminents africanistes, des spécialistes en anthropologie et des membres d’ONG travaillant sur le secteur.
Josefa Capel et Concecion Jimenez, professeurs du Département de Préhistoire, sont les responsables de la coordination. Du 5 au 16 mars, dans la Aula Magna de la Faculté de Philosophie et de Lettres, les invités ont proposé d’apporter « une vision réaliste de ce qui concerne l’Afrique Occidentale, face à la quantité d’idées fausses que nous en avons chez nous », explique Gerardo José Camara, membre d’une des organisations d’aide humanitaire qui œuvrent au Bénin.
« En Espagne est très répandue l’idée qu’en Afrique occidentale subsaharienne le niveau culturel est des plus bas, qu’il y règne une grande pauvreté, que les enfants meurent de faim … mais ce qui n’est pas connu c’est la richesse des valeurs culturelles », confie le volontaire pour qui il est fondamental d’offrir une image positive de tout pays.

Michel Bonemaison sma

pour le Quotidien EL PAÏS, du dimanche 11 mars 2007




LA FEMME

       
Femmes vannant le mil Photo Ledru 1972 Mali


Modelage des Poteries Photo Ledru 1972 C.I.

Poterie pour le beurre Photo Thierry Tijeras 4kg 200h 36cm Col 14 cm Ventre 34 cm
Cruche à eau hauteur 22 cm col 7 cm anse 18 cm Poids 1120g
A
B
C
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« Au Musée Africain » toute visite guidée nous fournit l’occasion d’accueillir bien des questionnements sur la condition de la femme en Afrique. Evidemment, la réponse est plurielle puisque chaque peuple est régi par ses propres traditions ; tout groupe social vit selon ses coutumes particulières ; et puis, chaque être humain n’est-il pas unique ? Ainsi, fillette, épouse, maman, grand-mère, veuve, chacune par sa personnalité marque son milieu !
Aujourd’hui la voix des femmes se fait entendre, en politique, presque dans chaque pays africain. Depuis bien longtemps, elles avaient déjà initié leur présence active dans le public par le biais du commerce international. Qui n’a jamais entendu parler des « Nana Benz » ? Au Togo, elles excellent dans le négoce des textiles ! Que serait le marché du village ou du quartier sans les vendeuses.
Les photos et les objets, présentés ici, permettent de faire ressortir la valeur fondatrice de la place de la femme telle que les racontent les mythes populaires. N’en soyons pas étonnés ; il s’agit bien de la « fécondité ». Aller puiser l’eau, modeler l’argile, couper le bois de chauffe, cuire les produits de la terre, toutes ces activités féminines favorisent la croissance de la « vie ».
Potières, elles utilisent ces matières premières pour transformer d’autres produits, fruits du travail conjugué de la terre et du labeur de leurs hommes. Ménagères, par la cuisson elles rendent comestibles le mil, l’igname, le manioc déposés dans leurs terrines. Hôtesses, elles offrent « l’eau fraîche de l’accueil », en réserve dans les jarres de leur fabrication.
Le jour de son mariage, en pays baatonu (1), un « canari » rempli de beurre de karité (2) est offert à la jeune épousée. La cueillette des noix est périlleuse ! La confection du beurre est des plus laborieuses ! Aussi est-ce toujours en groupes que les femmes réalisent, tant leur sortie en savane, que la transformation de leur récolte effectuée à l’extérieur de la concession. Pour y avoir souvent participé, la jeune femme en connaît bien les risques. Elle reçoit en cadeau de quoi préparer ses premiers plats de jeune épouse. Quel merveilleux symbole !

Michel Bonemaison sma
7 janvier 2007

(1) Peuple dont l’aire géographique est située à la fois au nord Bénin, provinces du Borgou et de l’Atakora, et au nord ouest du Nigéria.
(2) Beurre végétal issu de la noix de Karité dont l’arbre pousse essentiellement en zone de savane arborée.


paru dans "L'Appel de l'Afrique n° 228" mars 2007 page 30, Michel Bonemaison

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LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX

Pour nous disciples de Jésus-Christ, le dialogue interreligieux est une démarche très ancienne. Déjà en germe dans l’Evangile, c’était une préoccupation importante des premières fraternités chrétiennes.
Selon les lieux et les temps, cette dynamique a subi bien des aléas. L’histoire est là pour stigmatiser les malentendus, les erreurs, les faux pas mortifères… Mais, très près de nous, le Concile Vatican II a réactivé cette valeur et en a souligné toutes les dimensions. Ce fut un nouveau souffle pour notre Institut missionnaire. Pour moi, ordonné prêtre en 1968, cette ouverture voulue par l’Eglise a profondément marqué ma démarche pastorale auprès d’hommes et de femmes africains vivant une quête spirituelle dont j’avais tout à découvrir. Je me trouvais plongé dans un milieu marqué à la fois par la Religion locale et traditionnelle et par l’Islam. Aussi ai-je pu faire mienne cette remarque de l’un de mes maîtres, Claude Geffré :
« Un des premiers effets de l’activité missionnaire, c’est la conversion du missionnaire lui-même. Le chrétien n’est pas dans la situation de celui qui apporte tout à quelqu’un qui ne sait rien. Il est aussi celui qui ‘reçoit’, qui découvre à nouveau son identité chrétienne alors qu’il est interpellé par d’autres religions, d’autres cultures et d’autres manières de réaliser sa vocation religieuse ».

Préoccupation depuis les premières fraternités chrétiennes ! La question du salut des non-chrétiens est une véritable interrogation pour celui qui marche à la suite de Jésus et qui adhère au Christ comme Parole de Dieu.
L’histoire montre aisément qu’il y a un risque de durcissement dans la démarche du chrétien lorsqu’il va vers les autres. Aujourd’hui encore, on peut voir naître des attitudes totalement anti-évangéliques comme cette espèce de fatuité excluant tous ceux qui ne sont pas en Eglise … Cette erreur confirme dans leur appréciation ceux pour qui toutes les religions sont de même valeur, voire inutiles, mauvaises ou dangereuses ! Et pourtant, pour un chrétien, « il n’y a de salut qu’en Jésus-Christ, dont l’Eglise est le signe visible ».
Une seconde conviction chrétienne est la certitude que « Dieu est Amour et que tout homme est sauvé s’il participe à une histoire qui est une histoire de salut ». Dès lors, certains se demandent pourquoi il est toujours nécessaire d’annoncer l’Evangile. Et de là à dénier la mission de l’Eglise d’aller à la rencontre des peuples, des cultures, des démarches spirituelles, il n’y a qu’un pas trop souvent franchi.
Au milieu du deuxième siècle, saint Justin se prononçait déjà clairement sur le salut de ceux qui ont vécu avant le Christ : pour lui, il y a dans toute religion une présence du Verbe de Dieu. Tout son ministère est ainsi guidé par cette certitude ; il s’appuie fortement sur les valeurs ainsi décryptées pour les prolonger par une annonce explicite du Message de Jésus-Christ qui les amène à leur plein épanouissement.
La déclaration « Nostra Aetate » du 28 octobre 1965 résume tout ce qui a été écrit pendant le Concile Vatican II sur les « Relations de l’Eglise avec les Religions non-chrétiennes ». Elle fut suivie bientôt de nombreux évènements ou écrits, tels que la « journée de prière d’Assise » innovée le 27 octobre 1986, le document « Dialogue et Annonce » (D.A.) du 20 juillet 1991 et la fondation de plusieurs Instituts de Sciences et Théologie des Religions, (ISTR).
Voici le souhait que Jean-Paul II adressait aux 130 responsables religieux de toutes les religions du monde réunis à Assise :
« Dans la bataille pour la paix, l’humanité, avec sa grande diversité même, doit puiser aux sources les plus profondes et les plus vivifiantes où la conscience se forme et sur lesquelles se fonde l’agir moral des hommes ».

Annonce et respect !

Comment lier et concilier annonce de l’Evangile et respect de la démarche des autres religions, de la quête spirituelle de tout homme ? La réponse peut être donnée en deux temps, sur le plan théologique et dans une ouverture pastorale.
Il est important de bien connaître les valeurs vécues par les deux interlocuteurs. Le chrétien a le devoir d’affirmer sa propre identité, mais aussi d’apprendre à discerner qui est l’autre. Le baptisé sait que « la mission de l’Eglise est de proclamer le Royaume de Dieu établi sur terre en Jésus-Christ, par sa vie, sa mort et sa résurrection, comme le don décisif et universel de salut que Dieu fait au monde ». ( D.A. n° 58)
Et cette annonce, il est invité à la vivre en pasteur (D.A n° 70) avec les qualités même de l’Evangile, c’est-à-dire dans l’écoute de l’Esprit du Seigneur, fidèle à l’enseignement reçu du Christ et en Eglise, avec humilité, dans le respect de la présence et de l’action de Dieu en tout homme et en chaque religion, dans la dynamique du dialogue qui purifie et illumine, et enfin en étant attentif à la réalité culturelle de l’interlocuteur.

Au delà d’une conclusion ….

Notre société des Missions Africaines, depuis 150 ans, a vécu des va-et-vient entre l’écoute et le monologue, entre le respect et l’ignorance. Aujourd’hui, l’Eglise en Afrique est africaine, elle apprend à écouter les hommes, à respecter les peuples, les cultures, les traditions, elle apprend aussi à dire Jésus-Christ à tout homme.
Cette dimension du dialogue est partie intégrante de l’Eglise en marche. Les Actes des Apôtres actuels continuent de s’enrichir de ces rencontres entre hommes, entre cultures, entre traditions spirituelles. Les Actes s’écrivent au jour le jour, l’Esprit est à l’œuvre.

1- Pour les chrétiens le dialogue entre les confessions chrétiennes a pris la dénomination d’œcuménisme, ainsi lorsque la démarche s’élargit à la rencontre avec toutes les quêtes spirituelles c’est le terme « dialogue interreligieux » qui est utilisé.

Michel Bonemaison sma
Lyon le 5 octobre 2006

"L'Appel de l’Afrique N° 227" , décembre 2006 - Le dialogue interreligieux. - article de fond - Michel Bonemaison


Au Musée Africain le deuxième étage veut exprimer la rencontre entre les groupes sociaux, entre les pays, entre les continents. Cette rencontre se réalise au niveau des échanges commerciaux, dans le domaine de la politique, à travers les réalités administratives, la santé, l’éducation, la dimension militaire. Un des aspects que l’on retrouve à chaque instant est la place et l’influence de la « religion », qu’elle soit ancestrale ou venue de l’extérieur. C’est ainsi que se côtoient aujourd’hui les Religions locales dites Traditionnelles, les différentes tendances de l’Islam ou la multiplicité des confessions Chrétiennes, sans oublier les Mouvements religieux qui fleurissent de manière étonnante sur cette terre d’Afrique.


Une mosquée au Soudan Ouidah, Sanctuaire vodoun et cathédrale
Deux tableaux de Jacques Bertho au musée africain.

Nous devons deux prises de vue très suggestives aux archives photographiques de Jacques Bertho ; elles ont été réalisées en 1950. Prêtre des Missions Africaines il fut directeur de l’enseignement catholique pour l’Afrique 0ccidentale Française. L’une représente une mosquée au Soudan, et l’autre, en premier plan le temple sacré du python à Ouidah et, en vis à vis, la première basilique catholique de l’actuel Bénin. Trois lieux de culte différents, trois démarches spirituelles distinctes sous le même ciel !

Permettez-moi de narrer brièvement un fait de vie quasi quotidien : en milieu rural il est fréquent de se retrouver accroupis assemblés autour de la même calebasse contenant la pâte que l’on prend avec trois doigts pour en faire une boule que l’on trempe dans la sauce. Le deuxième récipient, celui de la sauce est aussi commun à tout le petit groupe en train de se restaurer. Manger ensemble se fait pratiquement en silence, la discussion précède et suit le repas. Mais ce que je veux souligner c’est que rien ne différencie les commensaux, ni le travail, ni le rang social, ni la religion.

Une autre anecdote, plus personnelle celle-là ! Accueilli je l’ai été au delà de ce que je pouvais imaginer. Le vieux chef était un sage, on l’appelait couramment « celui qui répare les pots cassés ». Il fit de moi son fils, le deuxième, s’il vous plaît. Le fils aîné devait hériter de la chefferie de terre et assurer le culte ancestral. Les deux autres fils, eux qui m’avaient introduits auprès de leur père, se retrouvaient tout bonnement troisième et quatrième. Un jour vint un autre « étranger ». Il fut si bien adopté par la famille qu’on lui offrit d’épouser l’une des filles de la maison, il devint l’un des gendres. Il était missionnaire musulman, j’étais missionnaire catholique. Que de fois, tous les cinq, avons-nous partagé le même repas, et discuté très amicalement de religion.

Dans le diocèse, notre bonne maîtrise de la langue a ouvert bien des portes et bien des cœurs. Nous étions invités souvent pour les cérémonies dans les lieux sacrés de la Tradition locale ; nous étions reçus régulièrement dans les mosquées à l’occasion des fêtes de l’Islam, et à notre tour nous pouvions accueillir tous les habitants d’un village pour les prières des grandes fêtes chrétiennes. Un jour, appelé à présider les funérailles traditionnelles du chef de terre, je rejoignais une foule immense rassemblée au cœur de la forêt. Alors que le chef du protocole me donnait la parole, j’ai entonné un cantique pensant que quelques chrétiens seraient là et chanteraient avec moi : « Nous nous retrouverons demain au ciel, là où le Seigneur nous rassemble ». Quelle ne fut pas ma stupéfaction de constater que tous, sans exception, chantaient de tout leur cœur, clamant la même espérance.

Je terminerai en soulignant que, lorsque une communauté chrétienne engage une action sociale, elle en est le moteur, et ceux qui participent se mettent au service de l’autre homme ou communauté humaine sans référence à son appartenance religieuse, ni à la caractéristique de leur propre démarche spirituelle.

Cette mosquée du Soudan, ce temple vodoun du Bénin, cette église chrétienne, sont exposés sur un même panneau. Si le lien qui s’impose à notre regard pouvait nous accompagner quand nous rencontrons les autres, pour être avec eux constructeurs de Paix ! Le point de départ n’est-il pas le respect de la quête spirituelle de l’autre, quel qu’en soit la religion?
 

P. Michel Bonemaison sma
Directeur du musée africain
 


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